Souscription pour le documentaire Autonomies
L’arbre aux étoiles est partenaire du projet de film documentaire Autonomies de Nazzaréna et Christophe qui vient de lancer sa souscription sur Ulule.
L’Autonomie alimentaire, énergétique, c’est possible. Vivre dans une maison à 10.000€ aussi. Pourtant, autonomie ne veut pas dire autarcie, mais interdépendances
Le film en une phrase : « Agis en ton lieu, pense avec le monde » (Édouard Glissant)
Cinq ans après « La Pandémie du Nouveau monde » – L’éveil des consciences citoyennes, qui montrait entre autres Fabrice André, créateur d’un refuge autonome à 2000 mètres d’altitude, Nazzaréna a à coeur de poursuivre cette réflexion sur l’autonomie. « Autonomies » s’écrit au pluriel, car il s’agit d’en montrer les différentes facettes, dont certaines sont surprenantes.
Qui n’a pas rêvé un jour de changer de vie?
Ils étaient étudiants, professeur de gymnastique, juriste internationale ou agriculteur traditionnel. Ils sont maintenant installés dans des fermes, des éco-lieux, des éco-hameaux, dans le respect de l’environnement.
L’une des originalités du film réside dans l’exemplarité de ces personnes qui ont cheminé à contre-courant et sont en train de créer des éco-lieux ou des éco-hameaux, dans l’optique de partager leurs savoirs grâce à des journées portes ouvertes, des formations, des stages ou des chantiers participatifs.
Au départ, ils avaient décidé de vivre plus près de la nature pour eux et leur famille, puis ils ont créé des habitats autonomes ou une ferme permaculturelle là où il n’y avait qu’une friche. Pour certains, c’était il y a quarante ans, pour la nouvelle génération, c’était il y a à peine plus d’une an. Leurs atouts : inventer de nouvelles manières de consommer et de vivre, avec de la créativité et une réelle ingéniosité technique.
Toutes ces initiatives concrètes, si elles essaimaient davantage, permettraient à des communautés, des villages ou des villes de faire face aux crises actuelles.
Mais pour que ce changement de société puisse se propager, le savoir-faire technique seul ne suffit pas. Il faut allier l’autonomie extérieure à l’autonomie intérieure.
C’est ainsi que seront abordés les limites posées par la législation, le changement psychologique liée à tout changement de vie, l’émancipation dès le plus jeune âge grâce à d’autres méthodes d’éducation, ou l’indispensable créativité de chaque être humain.
Sur ces thématiques seront interviewées des personnalités ouvertes à d’autres disciplines, permettant de faire des ponts entre la philosophie, la psychologie, le droit et la biologie.
L’objectif de ce film est de montrer qu’être autonome, ça n’est pas vivre en autarcie. C’est choisir ses dépendances… dans un environnement basé sur les interdépendances.
En fil rouge, le film fera découvrir une communauté qui a vécu en autonomie politique, juridique, fiscale et éducative entre le XIVe siècle et la Révolution française, soit sur plus de douze générations. Peut-être est-ce l’occasion d’y trouver des sources d’inspiration.
Les intervenants
La maison autonome de Brigitte et Patrick Baronnet
Brigitte et Patrick ont quitté la vie parisienne il y a plus de quarante ans et vivent dans une ferme en Bretagne, où à force de travaux et d’ingéniosité, ils sont devenus autonomes de leur eau, de leur électricité et en partie de leur nourriture. Il nous montrent qu’il est possible, via des chantiers participatifs, de construire un habitat à moindre coût avec des matériaux nobles, d’avoir un accès à l’énergie en utilisant à la fois le solaire et l’éolien, avec des personnes fabriquant eux-mêmes leurs panneaux solaires pour l’eau chaude, ou en faisant des formations pour fabriquer des éoliennes, par exemple.
En 20 ans, ce sont plus de 20.000 curieux qui sont venus dans la « maison autonome », lors de festivals, de journées portes ouvertes ou de stages, pour découvrir comment se lancer dans l’aventure de l’autonomie énergétique.
La ferme permaculturelle du Bec Hellouin
Perrine, ancienne juriste internationale, est aujourd’hui diplômée en permaculture. Elle a voulu réinventer sa vie et rompre drastiquement avec ce qu’elle faisait auparavant. C’est ainsi qu’elle a rencontré Charles, son mari, et qu’ensemble, ils ont fondé la ferme biologique du Bec-Hellouin. Ils développent une agriculture qui permettrait non seulement d’être autosuffisant en alimentation à l’échelle d’un village, mais dont le développement pourrait nourrir toute la planète, grâce à des techniques de permaculture, de micro-agriculture, avec une culture intensive sur de petites surfaces sans engrais chimiques ni pesticides.
Nous sommes allés en 2015 aux journées portes ouvertes qu’ils organisaient, afin de découvrir leur immense jardin, avec une serre, des étangs, un potager, un jardin mandala, des arbres fruitiers…
Perrine et Charles assurent des formations, travaillent avec de grands chefs étoilés et on été suivis pour une étude par l’INRA (Institut national de recherche en agronomie).
L’éco-lieu Eotopia
Benjamin, 32 ans, expérimente depuis sept ans la vie sans argent. Il a voyagé ainsi sur les routes d’Europe, d’Amérique, en passant par l’Afrique, privilégiant les échanges. En 2016, il s’est résolu avec d’autres personnes à acheter un terrain avec un corps de ferme pour créer un éco-lieu appelé Eotopia. Benjamin et son épouse y vivent avec d’autres membres de la communauté dans une économie basée sur le don, les échanges, pour tendre vers l’humain plutôt que vers l’argent. Benjamin a pour le moment renoncé à son idéal de vivre avec « zéro argent », mais l’utilise aussi peu que possible.
L’éco-lieu Alôsnys
Aurore avait une formation dans l’agriculture et l’éducation à l’environnement. Avec Bruno, agriculteur, ils ont créé Alôsnys, un éco-lieu en Bourgogne qui accueille aussi bien des enfants que des adultes pour les reconnecter à un jardinage sain, respectueux des écosystèmes. Ils assurent par ailleurs des formations diplômantes en permaculture et accueillent de nombreux stagiaires.
Les autres facettes des « Autonomies »
Et si l’avenir passait par une renforcement de la démocratie locale? Les maires ont un rôle essentiel pour favoriser l’émergence de ces initiatives. Par exemple, la ville des Molières, dans l’Essonne est un laboratoire d’initiatives écologiques et démocratiques. Jardins partagés, épicerie bio et locale, votations citoyennes, ainsi que la proximité du foyer d’accueil médicalisés pour autistes La Lendemaine, qui est aussi une ferme agricole et artisanale de 7 hectares: l’alliance du soin de la nature et de l’humain.
Pour faire exister de tels lieux, la législation doit bien évidemment s’y prêter. Mais pour le projet Eotopia, par exemple, l’achat du terrain s’est avéré incontournable, alors que dans son optique de vivre sans argent, Benjamin avait envisagé un don. En France, les donateurs sont taxés à 60% de la valeur du bien. Les autres contraintes résident dans les permis de construire des habitats innovants, avec récupération d’eau, ou l’obligation d’être raccordé au réseau même si l’on est en autonomie énergétique.
Un point qui reste essentiel, c’est le déclencheur, le déclic, le moment où l’on décide de changer de vie, où l’on se jette à l’eau. Comment surmonter psychologiquement les obstacles lorsqu’on se lance dans l’expérimentation, l’innovation, en couple ou en communauté?
L’émancipation passe aussi par l’éducation. Parmi les intervenants, certains prônent « une éducation libre », respecteuse de la soif d’apprendre de l’enfant. François Taddéi, chercheur en sciences cognitives, apportera son éclairage sur ce sujet qui est un enjeu majeur pour les générations futures. L’occasion de découvrir que dès le Moyen-Âge, une communauté dans les Alpes enseignait aux riches et aux pauvres, filles et garçons, avec un faible taux d’illettrisme, tout en inculquant des notions de droit.
François Taddéi nous démontre que la dernière facette des autonomies est liée à la biologie, par l’exemple d’études sur les cellules. Ainsi, les bactéries font évoluer la manière dont elles évoluent. Elles savent échanger de l’information sur la façon de coopérer et elles savent coopérer sur la façon d’échanger de l’information.
Coopérer, échanger de l’information, c’est ce que font les personnes qui vivent dans des éco-lieux, tout comme la nature et les écosystèmes. Comme l’a écrit Edgar Morin, « Penser global », c’est penser LE global, dans ses relations entre le tout et les parties. Sans arrêt, le global et le local interfèrent.»