Les moines tibétains de retour, concert et mandala !
5 ans se sont écoulé depuis leur dernier passage. Quelle joie d’accueillir à nouveau les moines tibétains de Gyüto qui nous ont offert un concert de chant harmonique, puis un mandala de sable, et surtout leurs présences apaisante et joyeuse à la fois.
Chant harmonique
Le monastère de Gyutö fait partie intégrante du monde spirituel tibétain. Ses moines sont appelés régulièrement pour participer aux rituels officiels organisés par le Gouvernement tibétain. La tradition du rituel tantrique accompagné de chants à voix grave et d’une musique élaborée a valu une renommée internationale aux moines de Gyutö. Depuis plus de trente ans, ils participent à des concerts organisés dans les pays occidentaux et en Asie.
La voix est spécialement cultivée, non seulement en vue d’obtenir les sons les plus graves possibles, mais aussi pour pouvoir se maintenir pendant des heures dans ce registre extrême. Ceux qui entendent pour la première fois un cérémonial tibétain sont toujours étonnés par cette technique très spéciale. L’émission vocale utilise parfois des glissés de gorge très soulignés, mais surtout se sert de la bouche et de la gorge comme d’un filtre-modulateur, toujours en état de lente évolution d’un phonème à l’autre. En répétant sur de très longues durées un phonème ou un groupe de phonèmes, le méditant tente d’assimiler les forces que ces phonèmes symbolisent. Il essaie de réaliser sa propre transformation en s’identifiant à eux par la construction et la fonction du mantra.
Les tournées de chant des moines Gyutö leur permettent de faire connaître à travers le monde ce chant si particulier, le chant harmonique – on appelle souvent ces voix, les voix de buffle, car elles sont exceptionnellement graves et permettent le développement de sons harmoniques très aigus – qui est leur spécialité, mais aussi de trouver les fonds nécessaires à l’entretien des moines et du monastère. Recherche devenue indispensable depuis 1959, et qu’ils vivent en exil.
Le monastère aujourd’hui
Le monastère-Université Tantrique de Gyutö est l’un des monastères les plus renommés du Tibet. Du fait de l’invasion chinoise au Tibet en 1959, seulement 60 des 900 moines initialement présents ont survécu et ont pris refuge en Inde dans la même année. Le monastère s’est d’abord réinstallé avec ces 60 moines restants dans l’état d’Arunachal Pradesh au Nord-Est de l’Inde. Depuis 1996 un nouveau monastère s’est construit à Dharamsala dans l’Etat d’Himachal Pradesh au Nord-Ouest de l’Inde où réside Sa Sainteté le Dalaï Lama, qui compte désormais plus de 500 moines de tous âges.
Un peu d’histoire :
C’est au Tibet, le “Toit du Monde”, deux fois millénaire, que l’essor de la spiritualité a pu s’épanouir au point de toucher tous les aspects de la vie du peuple tibétain. Depuis l’arrivée du bouddhisme, importé d’Inde au 7ème siècle, les communautés monastiques ne cessèrent de s’étendre, jusqu’à l’invasion du Tibet par la Chine.
Quatre grandes écoles ont vu le jour : Nyingma, Kagyu, Sakya et Gelug.
Jetsun Sherab Seng (1383-1445) fut chargé par le fondateur de l’école Gelug, Je Tsongkhapa (1347-1419), de diffuser la tradition tantrique (en tibétain “Gyu”). Il fonda notamment le collège tantrique de Gyume dans le Tibet central. Jetsun Kunga Dondrub (1419-1487), héritier de Jetsun Sherab Senge et du premier Dalaï Lama, créa en 1474 le collège tantrique de Gyutö. Depuis cette date, cent-vingt abbés s’y succédèrent et environ trente-cinq chefs spirituels de l’école Gelug sont issus du collège de Gyutö. Le monastère accueillait des élèves venus de tout le Tibet, de la Mongolie, de la Kalmoutie, de la Bouratie et de l’ensemble des régions himalayennes.
Les trois principaux responsables du monastère : l’Abbé supérieur, responsable des études ; le Maître de cérémonie, responsable de la discipline et de la gestion ; et le Maître du rituel, responsable des pratiques liturgiques sont nommés par Sa Sainteté le Dalaï Lama.
Les élèves, appelés à devenir des moines de très haut niveau, étaient astreints à une discipline sans faille lors d’études extrêmement longues, les obligeant à des entraînements spirituels poussés, très rigoureux dans le respect de la tradition.
A la suite de l’invasion totale du Tibet par la Chine en 1959, le monastère fut reconstitué dans l’extrême nord-est
de l’Inde sous la direction de Sa Sainteté le Dalaï Lama. Aujourd’hui, le monastère compte plus de cinq cents moines. Outre les jeunes élèves, le monastère accueille également des docteurs en philosophie issus d’autres monastères de l’école Gelug, afin de parfaire leur formation tantrique. Au Gyutö, la durée moyenne de la formation est de dix-huit à trente ans…