Comment la crise sanitaire nous impacte (mai)
Cette article est la mise à jour de l’article écrit à fin mars, avec la perspective que nous avons au 3 mai. Les choses ne sont pas tellement plus claires aujourd’hui, car les modalités de déconfinement sont obscures, et il est difficile d’estimer dans quelle mesure nous allons être impactés et jusqu’à quand.
Quelques mots sur notre situation, pour commencer
Ce qui est certain, c’est que le confinement nous a déjà conduits à annuler 15 stages (en se projetant au 4 juin). Pour les stages suivants en juin, nous anticipons qu’ils soient maintenus mais naviguons à vue, au gré des annonces gouvernementales. Au delà du 2 juin, les stages publiés sont donc officiellement maintenus, sauf annonce contraire. Certains animateurs ont toutefois annulé des stages courant juin car leur publication en février peu de temps avant le confinement n’a pas permis de constituer un groupe. Les impacts vont donc bien au-delà de la fin du confinement, voire même en été où nous avons également eu des annulations de professeurs/animateurs.
Cette crise intervient au printemps, la période la plus active pour nous, et au sortir de l’hiver pendant lequel les acomptes des stages du printemps permettent de maintenir une trésorerie à l’équilibre. Concrètement, si nous devions rembourser tous les acomptes versés, nous devrions mettre la clé sous la porte… Après en avoir discuté avec d’autres lieux ou hôtels comme le nôtre, beaucoup sont dans cette situation, car un arrêt aussi brutal et aussi radical de l’activité pendant aussi longtemps est inédit.
Si les activités reprenaient début juin, avec un rythme normal (ce qui n’est pas certain selon les finances des gens, et le risque résiduel de « seconde vague »), nous aurions alors perdu près de 60 000 € de chiffre d’affaires annuel (soit plus du quart) . Et ce sans possibilité de reporter à court terme les activités car le planning est rempli un an à l’avance. Je n’ose imaginer l’impact si le confinement perdurait au delà de début juin…
Quels garde-fous ?
Bien sûr, nous avons une assurance qui couvre les pertes d’exploitation, mais pas en cas de pandémie.
Du côté des aides de l’état, il s’agit surtout de différer les charges sociales de Nadia qui s’occupe du ménage et les nôtres en tant qu’indépendants, ce qui ne remplace pas le chiffre d’affaires, et met en péril l’équilibre de trésorerie lorsque l’activité reprendra, avec toutes les charges qui reviennent en double. La seule aide à laquelle nous soyons potentiellement éligibles est celle de 1500€ (fonds de solidarité) mais nous n’y avons pas été éligible en mars car chance ou malchance, notre CA de mars 2020 état supérieur à celui de mars 2019 du fait d’un séminaire entreprise intervenu début mars. Le mode de calcul linéaire au mois le mois ne fait clairement aucun sens pour les activités à caractère événementiel dans lesquelles l’activité n’est pas lissée.
La règle « 0 revenu, 0 dépenses » édictée par notre président est compliquée à mettre en œuvre pour un lieu, qui supporte un certain nombre de charges fixes, et doit être entretenu, intérieur comme extérieur, même si personne ne vient…
Côté banque, ils suspendent certes les remboursements d’emprunt pendant 6 mois, mais l’allongement de la durée des prêts donne lieu à recalcul d’intérêts au taux du crédit de l’époque (4,37% assurance incluse, après renégociation il y a 3 ans…) avec un impact net de 4000€… Et la suspension ne couvre pas tous les crédits, et notamment le crédit « silo » que nous avons initié en décembre dernier pour les réaménagements extérieurs (rénovation du verger, construction d’un abri pour les ânes qui nous ont rejoints mi mars, mises en œuvre de belles clôtures en bois…), dispositif qui d’après la banque n’est pas un « crédit » mais une « réserve reconstituable ». Sans commentaires.
Reste bien sûr la solution de l’emprunt de trésorerie cautionné par BPI France, que nous avons mis en place, avec l’enjeu que cela représente de le rembourser dans les années à venir, puisque bien sûr il est impensable de pouvoir le rembourser en une fois au bout d’un an (sans frais excepté la garantie.
Bref, autant dire que la situation n’est pas évidente pour les TPE et je suis certaine que certains d’entre vous sont touchés aussi, que vous soyez entrepreneurs ou indépendants.
Le cadre juridique et légal
Une nouvelle ordonnance du 25 mars 2020 (issue du dossier de presse « 25 premières ordonnances prises en application de la loi d’urgence pour faire face à l’épidémie de COVID-19 ») acte le fait que les TPE du secteur du tourisme et de l’hôtellerie sont « en première ligne face aux mesures de confinement mises en œuvre, avec de nombreuses annulations, qu’il s’agisse de voyages en France ou à l’étranger. Il convient tout à la fois d’éviter les conséquences négatives des annulations pour ces entreprises et de respecter les droits des consommateurs. »
« L’ordonnance prévoit la possibilité de proposer à tous les consommateurs qui avaient réservé un voyage ou un séjour, des avoirs valables pendant une période de 18 mois. Cette mesure, parce qu’elle prévoit une période longue, permettra à chacun de replanifier ses vacances quand il le souhaite. Au terme des 18 mois, quand la crise sanitaire sera terminée, tous les consommateurs qui n’auraient pas utilisé leur avoir seront remboursés de droit en monnaie. »
Notre pratique en matière de remboursement d’acompte
Nous nous orientons donc vers cette approche report/avoir, qui est à la fois imparable juridiquement depuis la publication de l’ordonnance et garante de la pérennité de notre entreprise et des efforts consentis depuis maintenant 8 ans pour faire vivre cet écolieu.
Nous vous remercions de votre compréhension et espérons pouvoir vous accueillir au plus vite, car il est clair qu’un report/avoir nous sécurise bien plus qu’un remboursement à terme. Dans l’intervalle, nous prenons grand soin du lieu, pour qu’il soit encore plus beau ! Java et Itou nos nouveaux pensionnaires vous attendent de sabot ferme (voir l’article suivant).
NB: pour ceux qui auraient réglé l’intégralité du séjour et pas seulement un acompte, nous sommes disposés à rembourser la part au-delà du montant d’acompte.